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Paysages du Marais poitevin

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11 juin 2017

Un littoral façonné par l’homme

 

Si aujourd’hui le Parc naturel régional du Marais poitevin est un magnifique espace sauvage à la nature préservée, il s’agissait autrefois d’un immense golfe marin, le Golfe des Pictons, qui était en partie submergé par l’océan à marée haute et sujet aux crues.

Des générations de moines et de Maraîchins ont alors peu à peu modelé le paysage en aménageant des canaux, des digues et en plantant des arbres pour protéger le Golfe des crues fréquentes et mieux exploiter les terres.

Dans le but de faciliter l’évacuation des eaux de pluie à marée basse et constituer des réserves d’eau pendant l’été, ils ont notamment creusé des fossés et des canaux : c’est ainsi qu’est né le marais desséché.

À l’inverse, certains secteurs se trouvant derrière les digues subissent toujours des crues quand l’eau ne peut plus être suffisamment évacuée et restent donc inondables : c’est le marais mouillé. Ce n’est que sous l’impulsion de Napoléon Ier et son désir de rendre la Sèvre niortaise navigable que cette partie du Marais poitevin prendra l’aspect qu’il a aujourd’hui, grâce à de considérables travaux d’aménagement du fleuve. Sa partie la plus charmante est la célèbre Venise verte.

Vue aérienne de Bazoin, nœud hydraulique dans le Marais poitevin

Vue aérienne de Bazoin, nœud hydraulique dans le Marais poitevin

La succession des aménagements réalisés dans le Golfe des Pictons a eu pour effet de réduire petit à petit le territoire qu’il occupait : il n’en reste aujourd’hui que la partie littorale, la baie de l’Aiguillon. C’est un point de départ idéal pour une balade sur les sentiers du Marais poitevin qui explorera toute la richesse des paysages qui s’y trouvent. Au niveau de la baie de l’Aiguillon et de ses terres protégées qui vivent au rythme des marées, la magie opère toujours lorsque l’océan se retire, il révèle de vastes étendues de vase où l’on peut observer les oiseaux qui viennent picorer leur nourriture.

La vasière de la baie de l'Aiguillon dans le Marais poitevin

La vasière de la baie de l’Aiguillon dans le Marais poitevin

Quand de forts coefficients de marée sont en action à marée haute, la digue de front de mer protège le marais desséché, mais submerge les zones herbeuses qui le précède : ce sont les prés salés, aussi appelés localement les mizottes.
Ces terres de la baie de l’Aiguillon ne servent pas au pâturage, mais l’on peut toutefois y récolter du foin.

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Les marais desséchés

À l’abri des crues, la balade peut continuer jusqu’aux marais desséchés, principalement constitués de grands espaces ouverts où seuls quelques buissons viennent suivre les canaux et fossés qui délimitent les cultures et les prairies du marais.

Maison du Maitre de Digues, site de visite situé à Chaillé les Marais qui présente le marais desséché au travers de la vie quotidienne du maitre de digues

Maison du Maitre de Digues, site de visite situé à Chaillé les Marais qui présente le marais desséché au travers de la vie quotidienne du maitre de digues

Marais desséché, l'un des paysages du Marais poitevin

Marais desséché, l’un des paysages du Marais poitevin

Compte tenu de la qualité de ces terres, nombre d’exploitations agricoles y cultivent du blé tendre à la qualité unanimement reconnue. Autrefois, l’élevage était répandu, comme pour le cheval de Trait poitevin mulassier, ou plus rarement le Baudet du Poitou.

Voici maintenant un aperçu des paysages que l’on croise lors d’une balade dans le marais desséché.

Les îlots calcaires

Au fil de la promenade dans le marais desséché, on aperçoit rapidement des buttes calcaires qui s’élèvent des cultures et des prairies, comme un témoignage de leur résistance à l’érosion. La bordure de ces îlots est tantôt abrupte, lui donnant l’aspect d’une petite falaise blanchâtre, tantôt en pente douce qui semble glisser vers le marais.

Paysages du Marais poitevin, Le rocher de la Dive à Saint Michel en l'Herm

Le rocher de la Dive à Saint Michel en l’Herm

L’homme a très vite su tirer parti de ces formations géologiques, qui servaient de zone de repli pour la chasse et la pêche dans le Golfe des Pictons. Aujourd’hui, des villages comme Chaillé-les-Marais ou bien Marans se tiennent sur ces îles calcaires, mais l’on peut aussi y trouver des cultures, des jardins ou des prairies.

Les anciens marais salants

Depuis l’Antiquité, la proximité du littoral avec le Marais poitevin a permis la récolte de sel marin issu de l’évaporation de l’eau de mer. Pendant des siècles, ce sel a fait la renommée du Marais poitevin ainsi que du Poitou. Néanmoins, cette activité n’a plus cours depuis 1931. Les vestiges de ces marais salants se laissent deviner dans le paysage du Marais poitevin, à une dizaine de kilomètres de la côte. C’est aussi l’occasion de longer ces anciens marais salants le long d’un joli itinéraire à vélo, ou bien de continuer la balade jusqu’aux marais mouillés.

Les marais mouillés

À la différence des marais desséchés, les marais mouillés du Parc naturel régional du Marais poitevin restent sujets aux crues et sont donc inondables. Cette zone est souvent reconnue comme étant la plus charmante du Marais poitevin et ce n’est pas sans raison : de nombreux canaux aménagés par l’homme s’y trouvent, et permettent de profiter du spectacle de la nature en barque, à pied ou à vélo.

Les Marais mouillés, l'un des paysages du Parc naturel régional du Marais poitevin

Le Marais mouillé.

Le marais communal

En continuant la balade dans le marais mouillé, on arrive bientôt sur d’énormes prairies qui peuvent atteindre 250 hectares : ce sont les communaux. En dépit des apparences, ces grandes terres ouvertes qui paraissent plates ne le sont pas : elles alternent entre les « belles » (des parties hautes) et les « baisses » (des parties basses). Ainsi, le niveau d’eau n’est pas le même partout et la faune et la flore s’y répartissent suivant leurs besoins en eau. On y trouve alors de véritables trésors de nature : plus d’une centaine d’espèces différentes s’y développent, à l’image du bouton-d’or à feuilles ophioglosses ou encore la précieuse gratiole officinale.

Vaches dans un marais communal, l'un des paysagegs du Parc naturel régional du Marais poitevin

Vaches dans un marais communal.

Ces prairies foisonnantes de vie sont la propriété exclusive de la commune (d’où leur nom), laquelle autorise les éleveurs à venir y faire paître leurs animaux (vaches et chevaux) contre le règlement d’une taxe.
C’est généralement au printemps que cela se passe, au moment de l’ouverture du communal. Pendant l’automne, le sol devient trop humide et n’est plus praticable, il faut rentrer les troupeaux à l’étable jusqu’au prochain printemps.

Le marais mouillé bocager

A contrario de la campagne ouverte dans les communaux, le marais mouillé bocager est caractérisé par la végétation qui vient arrêter le regard et fermer le paysage. Mais il permet par là même de guider notre promenade dans le Marais poitevin, en longeant ces barrières naturelles qui nous plongent dans un monde semblable à nul autre.

Vue aérienne du marais mouillé bocager

Vue aérienne du marais mouillé bocager

Comme ces zones sont situées dans le marais mouillé, elles sont inondables. Pour empêcher que les berges ne s’effondrent, des rangées d’arbres viennent maintenir la terre en place grâce à leurs racines.

Cependant, des aménagements ont été nécessaires pour faciliter l’écoulement des eaux, car le marais mouillé bocager reste inondé la plupart du temps. Fossés, conches et canaux ont alors été creusés sur plusieurs centaines de kilomètres par les Maraîchins, formant par là même un réseau hydraulique suffisamment dense pour servir de voie de communication fluviale dans le Marais poitevin.

C’est ainsi que ces marais sauvages sont devenus l’agréable marais bocager d’aujourd’hui où jardins, cultures maraîchères et prairies ont trouvé leur place dans ce paysage bordé d’arbres.

Les terrées

La promenade continue et on remarque vite les longues buttes d’une dizaine de mètres de largeur sur plusieurs dizaines de mètres en longueur, qui correspondent en fait au volume de terre extrait pour l’aménagement des canaux dans le Marais poitevin. Totalement artificielles, ces terrées sont devenues une caractéristique du paysage dans le Marais poitevin, notamment à proximité des canaux de la Venise verte.
On retrouve le plus souvent des frênes taillés en têtard alignés le long des terrées, renforçant l’aspect bucolique du Marais poitevin.

Frênes tétards étêtes dans une terrée du Marais poitevin

Frênes tétards étêtés dans une terrée du Marais poitevin

Les terrées qui ne sont pas entretenues se voient envahies par une végétation qui reprend ses droits, laissant les aubépines, les prunelliers ou encore les chênes pédonculés y pousser à leur guise. Il peut aussi arriver que des peupliers soient plantés dans cette terre fertile afin d’en retirer du bois de déroulage.

Les trous de bri

Notre promenade est l’occasion de découvrir les jolis paysages du Marais poitevin, mais aussi de retracer son histoire. C’est par exemple le cas avec les trous de bri, qui coïncident en réalité avec les anciennes zones d’extraction du bri, de l’argile grise aux reflets bleutés qui servait aux briqueteries et tuileries du Marais poitevin. Une fois cette argile extraite du sol, les trous d’une dizaine de mètres étaient rebouchés avec des gravats ou bien laissés pour former un étang.

Aujourd’hui, de nombreux animaux et plantes trouvent refuge au sein de ces trous de bri, que vous aurez peut-être la chance d’observer pendant votre balade, qui touche bientôt à sa fin.

Logo Grand site de France

Logo Grand site de France

Avant de sortir du marais mouillé, notez que l’État a reconnu le caractère exceptionnel du paysage qui se dévoile dans les marais mouillés du Marais poitevin : site classé de France lui a été décerné en 2003, puis est devenu en 2010 le septième Grand site de France (à l’instar de la pointe du Raz ou du Puy-de-Dôme). Ces reconnaissances visent à valoriser, mais aussi à protéger la richesse de ces paysages qui se prêtent décidément bien à la randonnée.

 

Les bordures du marais mouillé

En s’éloignant du marais mouillé pour terminer cette promenade, on remarque plusieurs changements qui annoncent la sortie du marais : la terre se fait plus marron, les arbres se raréfient et une pente douce se dessine : c’est le bassin versant, qui s’étale dans les plaines de l’Aunis, Luçon, Niort et Fontenay-le-Comte.
Un dernier signe qui ne trompe pas est la présence plus marquée de fermes, qui restent suffisamment proches du marais mouillé pour permettre aux exploitants de travailler, tout en se situant en dehors de la zone inondable. Il en va de même pour les nombreux champs de culture qui s’y trouvent et qui concluent notre balade au travers des paysages du Marais poitevin d’une belle manière.

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